En relation avec une lecture en cours dans mon second site, personnel, le flotoir, extraits de Continuités d’éclats de Mathieu Bénézet, publié récemment aux éditions Rehauts.
LECTRICE, LECTEUR,
Qu’est-ce qu’un livre, qu’est un livre ? murmurais-je en moi-même, traversant un square proche de mon domicile, et me dirigeant au plus vite vers le café où j’écris ces lignes. Et je songeais à une inflexion, l’inflexion d’une vie qui préparait ce questionnement.
Alors me sont venus ces mots : la destruction du monde et de soi. Qu’est-ce à dire ? Qu’est ce qui me bouleverse dans ma vie d’homme dès que je parle de “livres” et de “littérature” ?
Pénétrerai-je dedans, dans un livre, dans son intimité et son renoncement ?
Qu’est l’intimité, qu’est le renoncement ?
LECTRICE, LECTEUR,
D’une brisure en toute hâte, d’un désastre, répondre, répondre, au plus loin, au plus proche, si vite, si lentement, une douceur et la blessure, ah la blessure, la douleur, la douleur, la candeur, s’arrêter, déchirer, savourer, un désir fou, poursuivre, transpercer, discerner, jouir, dieu que l’énigme nous emmerde, le fracas, la source, foutez-moi cette source où je pense, mais y boire.
LECTRICE, LECTEUR,
Et tu écouteras une voix de la sensation, d’hier ou d’aujourd’hui, d’ailleurs ou si proche, méconnaissable ou amicale, une voix de l’oubli, de l’engourdissement ou du soir. Une voix rassemblée dans les courants inverses, bordée au sud et au nord, à l’est et à l’ouest par les attributs du monde. Une voix embrouillée, mythologique, effrénée. Une voix dans l’épaisseur de la conversation, dans l’enfance de la séparation. Une voix qui demande, appelle et réconcilie. Une voix antérieure, dissociée, aimée. Accordée.
Oui, LECTRICE, LECTEUR, nous sommes tous, ceux, celles, dont je parle, qui traversent ce livre, nous sommes tous des écrivains au cachot – posture contemporaine. Ne te récrimine pas, parce que nous sommes au cachot nous t’écrivons. Ne t’étonne pas si nos écrits empruntent une forme épistolaire. Nous t’écrivons ; et nous écrivons des lettres d’amour « je suis prêt à soutenir qu’un texte qui n’est pas une lettre d’amour ou quelque chose de ce genre est nul. Efficace et nul. » [Philippe Lacoue-Labarthe, 1978]
Mathieu Bénézet, Continuités d’éclats, Éditions Rehauts, 2012, pp. 44, 49, 62, 63
Sur ce livre, lire la note de lecture de Jean-Pierre Chevais
Mathieu Bénézet dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, Mais une galaxie, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, lecture du Lundi des Poètes, La tête couchée de Brancusi (parution), La Terrasse de Leopardi (parution), extrait 7, Ne te confie qu’à moi, extrait 8, extrait 9, extrait 10, extrait 11, ext. 12, ext. 13, ext 14, ext. 15, ext. 16, Continuités d’éclats (par JP Chevais)
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