L’été est le temps des rediffusions ! Poezibao revient donc sur ses pas et reprend les tout premiers temps de l’anthologie permanente. Elle s’appelait alors l’almanach poétique et a commencé à paraître le 1er janvier 2002 sur le site Zazieweb aujourd’hui disparu (ce qui fait que les poèmes choisis à l’époque ne sont plus accessibles).
Les extraits étant très courts à l’époque, Poezibao en publiera deux chaque jour de cet été.
(15 février 2002)/Charles Juliet
l'instant
n'est plus
la lente
coulée
t'emporte
des mirages
se lèvent
tes éboulis
te barrent
le chemin
tu rêves
à la rondeur
du galet
Charles Juliet, L'œil se scrute, Fata Morgana 1976, édition définitive 1991 (non paginé).
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(17 février 2002)/Fernando Pessoa
Trois "épitaphes"
V
J'ai conquis. De lointains barbares connaissent mon nom.
Les hommes n'étaient rien que dés, dont je jouais.
Moi-même à mon lancer pourtant je n'en dus pas moins me rendre :
À moi le lancer des dés, au Destin leur compte.
VI
D'aucuns furent en aimés aimés, d'aucuns comme prix prisés.
Épouse naturelle de mon compagnon, homme comblé,
J'ai contenté celui dont je fus le contentement.
J'ai marché, dormi, enfanté et vieilli hors destin.
VIII
Maigres, cinq années passèrent avant que je passe aussi.
La mort vint, emportant l'enfant qu'elle trouva.
Nul dieu n'a épargné, nul destin favorisé de si
Petites mains, qui de si peu se saisissaient.
Fernando Pessoa, Le violon enchanté, écrits anglais de Fernando Pessoa, vers et prose, Christian Bourgois 1992, pages 341 et 343.
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