L’été est le temps des rediffusions ! Poezibao revient donc sur ses pas et reprend les tout premiers temps de l’anthologie permanente. Elle s’appelait alors l’almanach poétique et a commencé à paraître le 1er janvier 2002 sur le site Zazieweb aujourd’hui disparu (ce qui fait que les poèmes choisis à l’époque ne sont plus accessibles).
Les extraits étant très courts à l’époque, Poezibao en publiera deux chaque jour de cet été.
(Lundi 11 mars 2002)/Claude Roy
L'orme malade
Le grand arbre calme allait de soi
Les oiseaux habitaient ses étages
depuis les moineaux-friquets au premier
jusqu'au couple de hulottes au sommet
Les enfants y bâtissaient des maisons aériennes
aussi cachées que celles du Robinson Suisse
On ne pensait pas à l'orme comme à un vivant
puisqu'il était la vie sans nom de personne
On disait « l'arbre » et le vent répondait
Aujourd'hui l'arbre va très mal
Il est malade Il va mourir
Il se dessèche et roussit
comme s'il était incendié du dedans
Vivant ce n'était qu'un arbre
Mort c'est un vieil ami mort
Il aurait dû verdir bien plus longtemps que nous
Il s'en est allé le premier.
Claude Roy, in Le voyage d'automne, Gallimard 1987, page 15.
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(jeudi 14 mars 2002)/Louis-René des Forêts
Tout cela qui fut, qui est l'éclat d'un moment
Étrange sans doute comme les métaphores des rêves
Offre une vision meilleure du temps
Malgré tant de figures réfractaires
Qu'en dépit de plus d'un détour
La langue échoue à prendre dans ses pièges,
Mais bien loin de se tenir à distance
Elles rayonnent assez fort pour que s'exerce
Au-delà des mots leur hégémonie souveraine
Sur l'esprit qui, grâce à elles, y voit plus clair.
[...]
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood, Fata Morgana 1988, p. 16.
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