« Toutes les fois que je la rencontre
j’ai plaisir à ma pensée »
Jean-Pascal Dubost : Vous êtes l’auteur d’une seule œuvre,
fragmentée en livres publiés chez plusieurs éditeurs, posée comme un projet,
entamé en 1984, une entreprise au long cours, que vous nommez « tas »
(de feuillets, de cahiers), où prose et vers alternent pour poser une pensée,
votre pensée en continuelle avancée. Comment et pourquoi est né ce projet,
lequel demande endurance et obstination dans une grande part d’inconnu ?
Vous dites qu’a priori il n’était pas destiné à la publication, la publication
l’a-t-il transformé contre votre gré, ce projet, en Livre à venir (« La
perspective de publier provoque là un changement », in ·TAS·) ?
Philippe Grand : Je sais faire
partie des pinailleurs — il arrive qu'on me le reproche, je me félicite plutôt
de l'être —, et donc en tant que pinailleur, il me faut discuter quelques
termes de votre question.
Comme je n'ai pas jamais « posé comme un projet » conscient et
réfléchi ce qui est résulté de mon travail, je ne peux ni dater son
commencement, ni dire ce qui aurait présidé à sa naissance, ni accepter qu'on
dise que je l'ai intitulé Tas. Le mot
« tas » n'a jamais signifié que l'apparence physique de ce qu'a produit
mon « obstination », effectivement. Sans doute y eut-il de ma part
volonté de ne pas donner de nom à ce que je faisais, et s'imposa-t-il en
quelque sorte par défaut, un peu à la manière dont Sans titre, dans le domaine des arts plastiques, en vient à fonctionner
comme titre. Mais je dois préciser aussi que le mot est arrivé sur le tard ; quand on regarde ma
« bibliographie », on peut s'interroger sur l'absence d'un Tas I. Ce premier tas n'existe pas sous
ce nom, il en porte un autre : NOUURE.
Il fut volumineux, et je bataille
encore à le réduire… Cela pour souligner qu'il n'y a pas un « projet
Tas » que je conduirais depuis 1984, mais des phases dans le travail, et
que le terme « tas » en désigne une.
Comme je l'ai écrit sur la quatrième de couverture de ·TAS· : « Je n’écris pas plus des tas que je n’écris des
livres. »
La publication n'a pas transformé un projet qui lui aurait été antérieur ; je
dirais plutôt que c'est elle qui a fait apparaître comme « projet »,
du fait même qu'un discours s'est constitué pour le présenter en peu de mots,
le travail que je poursuivais, lequel, oui, n'était pas a priori destiné à la publication.
Dans le passage de ·TAS· que vous
citez, je fais référence à la « perspective de publier » qu'une
rencontre décisive avec Roger Lewinter m'ouvrait alors, et je percevais dans
cette chance une possible menace pour ma manière d'écrire. Ce n'était pourtant
alors que « la perspective de » ; j'ai eu plus tard
confirmation — et il y a des réflexions à ce sujet dans Fantaisies je crois et dans la suite —
que l'objet livre, avec son commencement, sa fin, ses dimensions etc. peut
contraindre la matière elle-même à lui correspondre.
Quant à votre dernière question où monte la figure de Blanchot, pourriez-vous
préciser ?
J.-P.D. : Je dirais comme une
nécessité d’écrire par accumulation de « tas » un Livre unique que
vous défaites (détissez), au fur et à mesure que vous l’écrivez, parce que vous
êtes pleinement conscient de vouloir un livre impossible (le Livre
absolu) ? Par quoi la publication devient une contrainte supplémentaire
(« Publier m’a créé un besoin : publier »), elle montre le
commencement, oblige la folie de continuer, à poursuivre ce que Mallarmé
nommait ce « jeu insensé d’écrire »…
Philippe Grand : Davantage
qu’une question ou plusieurs, j’entends que vous lancez un nuage de
notions : le livre — impossible, absolu, unique —, la nécessité,
l’obligation de continuer… Je n’ai ni les compétences ni le désir d’élaborer un
discours explicitant leurs relations et articulations dans mon travail. Pour
sûr, toutes l’intéressent, mais moi en vérité elles ne m’intéressent plus (même
si je reste lecteur d’essais qui les abordent) ; du moins je n’ai rien à
dire de plus ou autrement de telle ou telle ou en rapport avec telle ou telle
que je ne l’ai fait quelque part (ou ne le ferai : oui, je préfère les attaquer au moment où elles se
présentent à moi dans le cours de ma vie/du travail, et à ma façon) dans le tas
de mes tas et non-tas.
Je dirai néanmoins deux choses :
• Dans ce <tas-de-mes-tas-et-non-tas> nombreuses sont les séquences
relatives au processus qui sous-tend mes
<livres-qui-ne-sont-pas-des-livres>, au découpage, aux aspirations et
limites de ce mode d’écriture, aux interférences entre l’écrire et le publier
etc. La « théorie » de ce qui s’écrit y est incluse, il me répugne de
l’extraire.
• Sur le livre unique.
Je me souviens qu’il y a une quinzaine d’années, dans la période qui précéda la
fabrication du Tas IV à la
publication duquel je m’étais décidé, la question se forma en moi de ce que
devait contenir ce livre : le seul Tas
IV, que Lorenzo Valentin qui dirige les Éditions Ivréa s’était déclaré prêt
à publier, ou la totalité de ce que j’avais écrit jusqu’alors, du moins du
cycle des Tas, soit les II, III, IV, V et VI. Peut-être voulais-je qu’il soit
gros, ce premier livre, par peur qu’il ne fût aussi le dernier, peut-être me
disais-je que la totalité avait seule du sens et qu’en outre cette partie
n’était pas « meilleure » qu’une autre etc.
En définitive, Lorenzo Valentin et Roger Lewinter, le passeur, surent me
dissuader, l’argument principal étant que ce serait un « suicide éditorial
» que publier une telle masse d’écrits âpres d’un inconnu. Je n’ai, à la
réflexion, jamais bien su ce qu’ils entendaient exactement sous le terme de « suicide
éditorial », qu’un livre volumineux s’interdirait toute chance de rencontrer un
lecteur ou que son auteur serait instantanément grillé… La décision fut en tout
cas prise d’en rester à une partie seulement, déjà bien suffisamment épaisse… Quant
au « suicide éditorial », je crois que le Tas IV en fut un malgré tout, et les suivants non moins, si l’on
entend par là un livre publié à perte. Il me faut redire ici ma reconnaissance
à tous les éditeurs qui m’ont soutenu : Lorenzo Valentin, Alain Fabbiani, Éric
Pesty, Gilles Fage, et Alain Berset, et encore une fois leur adresser mes très
vifs remerciements.
J'ai donc eu cette idée d'un « livre unique » qui aurait rassemblé
tout (et non pas du livre « unique » au sens où il n'est suivi par
aucun autre, le livre qui reste
unique. Après le Tas IV, quand les
Éditions Horlieu me proposèrent de publier autre chose, j’ai accepté. Je peux
donc affirmer que jamais je n’ai conçu de ne publier qu’un seul livre. Accepter
qu’un paraisse m’a engagé en quelque sorte à ne pas refuser que d’autres
suivent.), mais évidemment le tout d'il y a quinze ans n’aurait été qu’un tout
provisoire… (à supposer que j’aie continué, ce qui s’est produit). Ainsi le
<livre-unique-qui-rassemble-tout> ne peut-il être qu'un livre posthume.
Je côtoie ce fantôme (il sait heureusement se faire oublier), et si Jusqu’au cerveau personnel, suite paraît un jour (ce que je souhaite
car non seulement il contient mes textes les plus récents, et j’aurai donc,
s’il ne tarde pas, le grand plaisir de voir le temps de la publication presque
rejoindre le temps de l’écriture, mais il est vraisemblablement, vu comme vont
les choses, « mon » dernier grand ensemble), vous y lirez une
réflexion sur le sujet, appelée par cette situation extravagante et assez
paradoxale pour un « auteur » comme moi, que se profile la
possibilité que j’ai publié prochainement et donc de mon vivant tout ce que j’ai produit — ce qui ne va pas de soi.
J.-P.D. : Dès l’ouverture du premier livre publié, Tas IV, vous vous tuez en tant que poète (suicide littéraire ?)
(« Admets t’être tué/poète/et te rester/— quoi ? »), or vous
vous interrogez de très nombreuses fois sur ce que vous fabriquez ;
l’indétermination vous ouvre-t-elle une plus large perspective ? Si vous
deviez déterminer ce que vous écrivez, cela deviendrait-il obstacle,
empêchement ? Quel rôle attribuez-vous au vers ? Au prosimètre,
puisque vous alternez vers et prose ?
L'indétermination est essentielle. Peut-être, au tout début (à l'époque de Nouure, dans Tas II encore), m'a-t-elle inquiété parfois (d'où ces
interrogations, que vous signalez, sur la nature exacte de ce que je
« fabriquais » (c'est bien le mot)), mais le refus de la définition,
de la détermination, est chez moi un trait de caractère ancien, une sorte
d'attitude réflexe de protection. J'ai donc accepté très vite qu'elle s'impose
là aussi, dans les pages, et ai même travaillé à l'accroître comme s'il ne
devait y avoir jamais de définition de mon activité ou de ma production que
négative (ni… ni… = garantie de liberté).
Que j'ai publié des livres ne fait pas pour autant de moi un écrivain, et
qu'ils soient en librairie rangés au rayon poésie (mais où ailleurs les mettre ?)
ne fait de même pas de moi un poète. J'écris de la prose, tantôt « coupée »
tantôt non ; une courte ligne de mot ressemblera à ce que vous appelez ou à ce
qu'on reconnaît généralement comme un « vers » mais ce terme (ou la
notion) m'est lointain. Il y a que, parfois, j'ai besoin du blanc comme
ponctuation supplémentaire, ou que je veux briser la ligne de façon à laisser
apparaître la structure du sens, sa stratification, ses phases éventuellement
contradictoires, ou encore qu'il me faut respecter sur la page l'autonomie ou
l'indépendance que telle suite de mots a dans ma tête, manière de pierre sonore.
A contrario, certains denses blocs de prose sont travaillés dans l'optique
d'obtenir une sorte de corps verbal assez similaire.
J.-P.D. : Il y a une énergie
dans vos textes, transmissible (c’est un de vos lecteurs qui parle), et vos
textes auto-génèrent leur propre énergie, est-ce pour approcher l’impersonnel,
éloigner le risque de concentration sur un « je » trop personnel,
intime ? (« Pour que ce texte soit meilleur il faudra que j’en efface
mon nom : peu probable, mais je m’entends me le dire… », écrivez-vous
dans ·TAS·, « Je est un
masque » dans Fantaisies)
P.G. : Que le lecteur sente une
énergie, cela me plaît, et plus encore qu'il la sente produite par les textes
eux-mêmes… Je ne sais pas bien moi-même ce que ça veut dire, mais ça me paraît
juste. D'où parfois lourdeur, sécheresse ; le texte doit passer outre
l'inutilité, l'absence de justification que je lui oppose… Une pierre ou une
souche sculptée par le pourrissement ou les xylophages que je ramasse, toutes
ses qualités sont en elle ; j'écris parfois avec cette aspiration que le texte
soit pareil à ce caillou, ce morceau de bois indifférent à tout. Mais cet
impersonnel n'est pas pour chasser le personnel ou l'intime ; il participe de
la même mise à nu qu'accomplissent plus explicitement mais, peut-être,
paradoxalement moins complètement, les textes en Je ou en Tu, extrêmement
abondants (il m'est arrivé de craindre paraître un nombril se mirant sur la
page, j'ai guéri de cette peur) et qui ne sont pour l'impersonnel qu'une
manière de se personnifier — par l'extrême particularité.
Comme je ne voudrais pas, en disant là plus, réduire, caricaturer ou gauchir
« ma pensée » à ce sujet — « ma pensée » c'est-à-dire ce qui a
pu, avec succès, ou approximativement, ou très mal, se dégager par l'écriture
—, gommer les nuances qui en sont l'essentiel, écrabouiller son caractère très
incertain, j'arrête là-dessus.
J.-P.D. : L’hésitation vous
est-elle une force motrice en tant que mode de pensée ? Comme une pensée
perpétuellement sur le bout de la langue ?
Par ailleurs, vous évoquez souvent
les supports sur lesquels vous écrivez, l’obsession de l’objet vous
pulse-t-elle vers l’écriture ? Sont-ils objets nécessaires à un
rituel ?
P.G. : Cette force contraire
au mouvement qu'est l'hésitation, je tente de l'utiliser, de la retourner, et
elle devient alors, en effet, motrice.
Il y aurait à développer, je m'en tiendrai à l'essentiel.
- Sur le papier j'en souffre continûment mais c'est aussi un mal que j'aime car
il produit de la précision.
- Je ne dispose pas d’une pensée toute faite qu’il me suffirait d’exprimer, ou
plutôt ne m’intéressent vraiment en fait d'objets ou de situations que ceux ou
celles qui me donnent d'éprouver comment
je pense plutôt que ce que je pense.
En exagérant un peu, je pourrais dire que je ne pense que lorsque j'écris, ou
encore que c'est le seul moment où je me sens penser, et ceci du fait même que
j'hésite, que cherchant à atteindre une certaine justesse je prends en considération
à chaque instant les possibles, le chemin où engagerait le choix de tel mot, de
telle tournure etc.
(Remarque en passant : lorsque le processus de penser aboutit à une pensée,
qu'elle reste sur le papier, que je l'identifie comme une, cela d'une certaine
manière me libère d'elle, je n'ai plus à la porter personnellement ; une fois
formée elle ne m'intéresse plus guère, la dire me répugne presque.)
- L’hésitation n’est pas qu’une difficulté à décider ; elle nuance,
précise la décision ou l’action. Elle la diffère aussi et peut même la bloquer,
empêcher la réalisation, mais dans le champ de l’écriture personnelle je peux
admettre ou supporter cet effet négatif — tant pis si rien. D'un autre côté,
hésiter est une force en ce sens que c’est ne pas ignorer qu’il y a un d’une part et un d’autre part, un oui mais à
la fois…, et que la vérité est souvent dans le balancement plutôt que dans
une position arrêtée.
Plus largement, c'est-à-dire jusque dans la vie quotidienne, il me semble
qu’hésiter enrichit une situation, au point que même lorsque je n'hésite pas,
je réintroduis le doute, ne serait-ce que pour savoir entre quoi je n'hésite
pas et suivre par l'imagination les conséquences d’un autre choix…
Pour répondre maintenant à la seconde partie de votre question : je
n’observe aucun rituel, et il ne vaut pas la peine de s'attarder à mes
préférences en matière de papeterie. Si je mentionne relativement souvent le
support, comme vous l'avez remarqué, c'est parce que chaque carnet ou cahier
entamé a des qualités objectives, format, nombre de pages, couleur de la
couverture, rigidité etc. qui lui confèrent une identité propre que renforce
évidemment ce qui y est écrit. Il existe pour moi comme ce cahier-là, différent
des autres ; il a un nom, un nom que j'utilise pour le désigner. De plus,
ayant en tant qu'objet un début et une fin, il définit un espace ou un temps
particulier dans le continuum de l'écriture elle-même ; chacun introduit un
micro-commencement et une micro-fin, ce qui produit une sorte de rythme qui m'est
absolument nécessaire pour continuer.
J.-P.D. : Peut-on considérer
votre travail comme une épopée d’écriture, au sens d’une bataille à échelle
individuelle menée contre le Rien ?
P.G. : « Épopée » est
un peu emphatique pour mon affaire, et de surcroît a un sens trop précis. Je
valide par contre « bataille individuelle » (qui plus est, et pour mon
plaisir, j’entends Georges, dont Le
Coupable est et restera associé dans mon souvenir à un luisant tranchant de
lame de hache (cf. page 171 de Fantaisies)),
mais plutôt que « contre le Rien », je la dirais dirigée contre rien sans
majuscule, et peut-être — mais l’on se paye toujours vite de mots — en
hommage ou en signe d’allégeance au Rien. Bataille aussi bien contre tout —
alors bataille occulte et régressive, résistance, retirement… Ou peut-être et
plutôt, bataille pour la perdre, ni contre ni pour. Ou peut-être et plutôt,
bataille contre moi-même pour moi-même, sans vainqueur ni vaincu. Ou peut-être,
et plus certainement, autre chose : occupation d’oisif, symptôme
d’inadaptation, fonction animale…
Une fois encore, ce n’est pas à moi de dire comment ou comme quoi il faut
considérer mon travail. Le lecteur se fait son idée, celle qui entre dans son
système d’explication ; je n’ai pas une vérité à lui opposer car je ne
connais pas mon travail comme.
J.-P.D. : Votre pensée est faite
d’alternances, obscurité/clarté, simplicité/complexité, vers/prose, voire de
contradictions assumées, cela confère une certaine musicalité à vos textes, la pensée,
telle que vous la pensez, est-elle du rythme ?
Je vais vous paraître « impossible » comme interlocuteur mais je tique
sur « musicalité ». Le terme appartient pour moi à la rhétorique
publicitaire. Tout et n’importe quoi peut manifester une certaine musicalité,
même une notice d’utilisation de fer à repasser. Bon, je suis nigaud de bloquer
sur ce mot car j’entends parfaitement ce que vous dites et ne peux nier que la
« musique » est présente dans certaines de mes pages — mais silencieuse,
et précisément sous la forme revêche d'une « anti-musicalité ». Une phrase
pourra perdre de son sens à cause de sa sonorité, je fais donc très attention à
ça, parfois même j’abandonne un texte pour n’avoir pas su trouver le rythme du
sens, pour dire vite, qui peut obliger à « quitter » le bien-écrire,
troubler l’ordre usuel des mots.
Cela dit mon souci de la sonorité joue à l’échelle d’une phrase, pas à celle
des textes dans leur succession. Je veux dire que le principe que vous
soulignez d'alternance, de mélange, ne me semble compter pour rien dans la
« musique » de mes livres. Si je n'ai rien fait et ne fais rien
contre mon inclination quasi naturelle à casser le genre qui prend, la couleur
qui s'installe etc., ce n'est jamais à dessein de créer une musique toute de
contrastes dont les mollesses aideraient à supporter les stridences, où les
accents obscurs, le timbre grave, compenseraient les légèretés — ou plutôt si,
à la nuance près que je ne compose pas pour l'oreille du lecteur mais dans le
respect de ma seule sensibilité, au rythme, au gré de mes humeurs et de mes
forces fluctuantes.
Enfin, pour finir, au risque de vous paraître me complaire dans une sorte de
négativité, je ne sais pas ce que je pense de la pensée, qu'elle est rythme ou
je ne sais quoi d'autre, je ne peux pas aider à y voir clair sur ces notions
trop vastes, j'avance blanc dans le blanc. Wittgenstein affirmait que le sens
d'un mot est l'usage qu'on en fait (i.e.
toutes les combinaisons de mots où il entre), de même ce que je pense de la
pensée, du rythme, du sens, mes livres le montrent bien mieux que je ne peux le
dire. Je préfère me taire sur « ce-que-je-pense-de » car dans tout ce
qui est dit à froid, de l'extérieur, j'entends truisme ou formule vide ; je
veux juste l'appliquer en faisant, et ne manifester (mais c'est un enjeu
subsidiaire) avoir « penser de » que par la manière dont c'est écrit.
Entretien réalisé par Jean-Pascal Dubost, été-automne 2012
©Jean-Pascal Dubost et Poezibao
Commentaires