[tribunes] : un travail bafoué

Contexte 
La Maison de la Poésie de Paris a vu sa direction changer, Claude Guerre étant remplacé, dans des conditions qui elles-même pourraient susciter le débat. Sont désormais aux commandes : Bernard Comment, écrivain et éditeur au Seuil, et Olivier Chaudenson, créateur (avec Olivier Adam) du festival littéraire les Correspondances de Manosque), le premier en tant que président, le second nommé directement jeudi dernier.  
 
Un article 
Un article détaillant leurs projets vient d’être publié dans Libération, sous un titre jeu de mots (bien sûr) mais qui sonne en fait comme une alerte : "La poésie revoit la vie en prose". Auteur de l'article : Edouard Launet (qui a publié quatre livres au Seuil....)
  
Le point de vue de Poezibao :  
On reste un peu médusé devant cet article, dont on se demande s'il est orienté ou mal informé. Quid du travail de Claude Guerre à la Maison de la Poésie depuis 6 ans (même si on n'a pas toujours été d'accord avec tout), quid du travail en profondeur de plusieurs institutions, quid du travail de La Maison de la littérature et de ses remarquables séances au Petit Palais, quid des lectures organisées dans maintes librairies*... ? A en croire la nouvelle équipe, tout est à faire. Que penser par exemple de cette assertion de l’article : « Paris est resté à l’écart de ce mouvement de lectures publiques par les auteurs (hors scène de théâtre) jusqu’à la création, en 2009, du festival Paris en toutes lettres par la mairie, événement qui fut confié à Olivier Chaudenson, mais abandonné après trois éditions, victime des restrictions budgétaires. » 
 
Et surtout, le plus préoccupant, quid  de la poésie dans tout cela ? il est à craindre qu'elle ait la portion congrue dans une affaire qui semble surtout conçue par et pour la "com". 

[Florence Trocmé] 
 
 
*liste non limitative de ceux qui s'impliquent depuis des années 
Le Marché de la poésie et ses multiples périphéries
Les Parvis poétiques
Poètes en résonance
Le Printemps des poètes
Les rencontres de la Mel au Petit Palais
Les lectures de Double-change
Poésie Plate Forme (J. Mauche)
La Biennale Internationale des poètes
Les rencontres d'Entrevues et celles du Salon de la revue
Les lectures dans les théâtres (Rond-Point, Gennevilliers...)
Les soirées et rencontres de la Bnf
Les rencontres et débats dans les Bibliothèques publiques de la ville, le travail de la Bpi
Les propositions culturelles des Mairies d'arrondissement avec les résidences d'auteurs (2° arrdt, 17°, 20°...)
Les séminaires ouverts à tous du Collège International de Philosophie sur le poétique
Les rencontres/entretiens/séminaires proposés par des revues, Po&sie, Place de Sorbonne, Passage d'encres...
Les soirées littéraires de la SGDL
Le travail de Théâtre Ouvert avec les poètes
Les rencontres à Paris de l'Imec
Les cycles de lectures-rencontres dans les librairies (Tschann, Compagnie, Ignazi, Equipages, La Compagnie des mots, La licorne...) 

Comments

[Rédigé par : Jg Cosculluela]

Qu'existe un lieu à Paris pour "la littérature en scène", sur la base de ce qui se fait aux Correspondances de Manosque, pourquoi pas ? Que cela se fasse au détriment d'un lieu ouvert et pluriel pour la poésie est déplacé, irresponsable ! Pourquoi ne pas créer carrément un autre lieu, en risquant, en innovant vraiment quelque chose d'autre, au lieu de "s'installer" à la Maison de la Poésie, créé et continué par d'autres, autrement plus courageux en matière de lecture publique ? Les "Correspondances" de Manosque, sans être inintéressantes, n'ont pas fait preuve d'imagination et d'innovation débordantes précisément en matière de lecture publique. D'autres lieux à Paris (cités par Florence Trocmé) ou ailleurs en région font preuve en ce moment de plus de prise de risque. Quand à dire que tout est à faire ou presque en matière de lecture publique de textes contemporains, cela frise carrément le ridicule (pour le moins): il suffit de se pencher sur la question et voir que sur les quarante ou cinquante dernières années nombre d'initiatives ont existé et existent. MM Comment, Chaudenson et Launet, l'humilité et la simplicité volontaire sont de mise: communication et mondanité accompagnent très partiellement et très partialement surtout la littérature en train de se faire.

[Rédigé par : Angèle Paoli]

bravo pour cette rubrique [tribune]. Mon entier soutien, Florence. Je relaie, bien évidemment, notamment sur FB. Angèle