Poezibao a appris hier soir la
disparition d’Anne-Marie Albiach. En hommage à cette très grande figure de la poésie,
cet extrait de « La ligne la perte »,
in Figurations de l’image, paru en
2004 chez Flammarion
le récit serait aveugle
les spasmes de l’oracle structure
dans le travail des couleurs
la marge astreint le cercle
sur la terre les indices
dans une liquidité parfaite
où
se dédit
la langue
le cœur au rythme de la dénégation
la lumière renoue avec la faiblesse
dans
l’énoncé antérieur
le corps du délit s’abstrait à l’horizon
terme pris en défaut
accusation motrice de l’air empli de gestes
dédiés à l’étreinte
le
sujet s’amenuise
le sommeil les porte dans la clairière
Dans les draperies écarlates
ils officiaient sur le thème
d’une absence
○
Délinéation du désir
Discours, murmure récidivé
la représentation :
étendue insonore du vocabulaire
l’espace,
une donnée matinale
le froid empreint les contours
le témoin donne le thème
face au discrédit
cette fraîcheur trouble à l’œil
Le simulacre ouvre la plaie
pesanteur
reniement, bestiaire
la
paroi
où l’alphabet de l’enfance
sous le regard étranger
les parallèles du nombre leurs articulations
il s’avère
du
verbe
une
entaille
une duplicité attentive
la chute d’un corps fait défaut
altération des genres
le déplacement aléatoire
intervalle
: les objets
affluent sur
la table à marée basse
○
la conjoncture parabole
dans l’application du trait un signe de sécheresse mentale
tel un foyer
Caresse lenteur âcre
Le trièdre en suspens
très loin le sang aux poignets
la prairie le
territoire à
perte de vue
Allongés dans le neutre
sillage minutieux
les pas comptés
La vision s’alentit aux lisières
notion subversive
Une paralysie s’achemine et descend
dans l’égarement
un désordre succinct s’éprend de celui qui veille
tendu vers le point de rencontre
Un éclat dans la poitrine : elle ne prenait plus le hasard
à l’extrême ou l’usage
dans la versification
une obole en écart
le temps implose à l’issue du voisinage
à la lisière un doute insistant
l’arithmétique du désastre
acuité d’une expression tendresse immédiate
des allures au dessein ludique
la doublure nos
regards
[...]
Anne-Marie Albiach, extrait de « La ligne la
perte », in Figurations de l’image,
2004, Flammarion, pp. 37 à 39
Anne-Marie Albiach dans Poezibao :
bio-bibliographie,
recension
de Jean Daive, Anne-Marie Albiach,
l’exact réel par Olivier Goujat
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