Deux livres de Pascal Commère viennent de paraître, Mémoire, ce qui demeure, chez Tarabuste
et Des Laines qui éclairent, une
forte anthologie (1978-2009), coédition Obsidiane/Le Temps qu’il fait.
Salamandre
Un autre jour sur le canal – on dit
cela ici pour dire le halage :
une salamandre morte, out peut-être pas
et quand je la prends dans ma main, elle bouge
très faiblement. Et moi je pense
dans le monde fragile à toutes les choses
comme ça presque mortes ou pas encore,
et cela dans le froid remue – ventre étroit,
pâte pleine la couleur prise, le jaune très épais
dans sa propre couleur. Ou c’est peut-être
de la bave, ou le gris lentement qui vient,
ciel et cailloux – le froid
○
Seraient-ils perdus une fois encore les mots,
par la terre brune et collante qui entérine
en silence toute mort en juin comme une boule
de pluie sur tant d’herbe soudain qui verse, avec
dans la poitrine ce serrement, par les collines
presque en haut, quand la route espérée dans un virage
d’elle-même tourne et disparaît… Je reconnais
le menuisier qui rechignait au guingois des portes
cependant que vous gagnez en ce jour de l’été
la terre qui s’est tue, humide et qui parlait
dans votre voix soucieuse ; à chaque mort j’entends
au travers du roulis des phrases le tonnerre
d’un orage depuis longtemps blotti dans l’œuf, la coque
se fissure – sont-ce les rats qui remontent, ou le râle
des bêtes hébétées dans l’été, longtemps résonne,
comme les cordes crissent, lente votre voix digne
par-dessus l’épaisse terre menuisée, les vignes
bourrues… Et sur mon épaule, posée, la douceur
ferme de votre main pèse sans appuyer
Pascal Commère, Des Laines qui éclairent,
anthologie (1978-2009), co-édition Obsidiane/Le Temps qu’il fait, 2012 p. 166
et 211
•
du livre des comptes ils n’
emportent rien. Le gel précoce,
les temps de lutte dans le troupeau,
ce qui revient. Les mise bas,
les déchirures.
De main morte –ou pas, l’autre
et trois d’entre eux qui aident.
On repart.
Partir – ce que dit le mot
sans le dire.
Les murs d’une chambre nue,
une blouse vide.
La neige dehors, les hommes
ont ressorti leur ombre de soldat.
Ce qu’on sait des yeux, on
voit peu.
Pascal Commère, Mémoire, ce qui demeure,
Tarabuste, 2012, p.59
Pascal Commère dans Poezibao :
bio-bibliographie,
annonce
parution Annonce de passage d’un dix cors…..,
extrait
1, Graminées et Les Commis (parution), extraits
2, ext.
3,
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