Avec une magistrale préface d’Yves Bonnefoy, François Montmaneix propose des
poèmes qui s’inscrivent dans la page comme une mesure lui appartenant. La
strophe est souvent longue, parfois liée jusqu’à la chute, et segmente en
autant d’éléments syntaxiques que de vers une phrase sinueuse qui serpente
posément. Chaque poème dûment titré déroule son thème, large comme un espace ou
une durée, avec des préférences pour l’hiver, les nuages, l’horizon, les arbres
et les oiseaux… tandis que tombent sur la
neige / des empreintes de pas qui me cherchent… Le poète est toujours
présent, même si cela n’est pas physique, puisque c’est lui qui, en permanence,
se confronte aux éléments. En revanche, les hommes ne figurent pas ou peu dans
ces textes, un enfant vaguement de
temps à autre, comme s’il était plus à l’aise pour dialoguer naturellement.
Même le rare tutoiement est autoréflexif. Le poète reste centré. je contemple le ciel plein d’étoiles / une
feuille morte s’en détache… Yves Bonnefoy parle de familiarité avec le
monde et c’est vrai que cette manière
frontale de traiter avec la nuit, le ciel ou la nature tend à réduire les
distances et domestiquer les choses. Un titre de poème en dit long sur une
pratique où le théâtre serait tronqué : « Didascalies ». La
description se fait, sans aucun discours superflu. La pendule égrène des absences… Le spectacle se joue dans le
regard, dénué de toute interprétation. Rien de plus, souvent, qu’un constat de
mots. Inversement lorsque la conscience investit la scène, on aboutit à des
images inédites et émouvantes nageur fou
au creux d’une larme… Les poèmes de François Montmaneix questionnent les
oiseaux, les grands arbres et les paysages planétaires, lucides sur l’effet de
ces gouttes d’encre à l’assaut de l’univers.
[Jacques
Morin]
François Montmaneix, LaisserVerdure, Le Castor astral, 2102, 15 €.
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