« Comme beaucoup
d’écrivains, je crois que l’essentiel s’écrit dans les marges, et avec la
complicité active du lecteur. Lorsque l’exigence critique de celui-ci s’ajoute
à celle de l’auteur, aucun rapport d’homme à homme ne peut prétendre à plus de
consistance, ni de sérieux.
Personnellement, quelque chose d’autre me gêne dans le roman :
l’impression d’être pris pour un petit garçon que l’on emmène à l’école en le
tenant par la main. Le romancier exige que l’on s’en remette obscurément à lui
sans sauter une ligne. Les poètes n’ont pas du tout cette exigence.
Personnellement, j’aime qu’un livre soit un lieu d’aventure, pas seulement
celui où l’on raconte une histoire. À l’exemple de Michaux, je revendique donc
"une liberté de circulation". C’est aussi ce que j’aimerais offrir au
lecteur. »
[Marcel Cohen, extrait d’un entretien au Matricule des
Anges, cité ici]