Prenons deux poètes. L’un
est apte à nous convaincre dans un poème qu’il a profondément souffert, mais
cela ne ressort pas objectivement. Le résultat est ennuyeux, et plus il a souffert,
plus le résultat est pitoyable, c’est un saccage, lequel prouve que ce n’est
pas l’expérience qui fournit l’intérêt poétique dans un poème mais la nature de
son objectivation.
L’autre poète, d’autre part, est
passé maître dans l’objectivation de l’expérience mais ses émotions sont d’une
telle faiblesse qu’on en conclut que l’expérience n’a pas été ressentie en
profondeur, que la personne n’a pas été impliquée totalement. Résultat :
le lecteur n’est pas impliqué, lui non plus, totalement. La remarquable
intelligence de l’auteur et son habileté sont dignes d’intérêt, mais quand son
brillant étalage se termine, ne reste qu’un faux avéré.
Dossier Rakosi, traductions inédites et
présentation d’Auxeméry pour Poezibao.