Poezibao fait une pause de ce mardi 29 octobre jusqu’au mercredi 6 ou vendredi 8 novembre.
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Poezibao fait une pause de ce mardi 29 octobre jusqu’au mercredi 6 ou vendredi 8 novembre.
Rédigé par Florence Trocmé le lundi 28 octobre 2013 à 18h33 dans Evènements | Lien permanent
« J’écris : 1.
J’ai envie de me taire. 2. Le livre "garde" le silence. »
Pascal Quignard, Petits traités I,
Paris, Gallimard, collection Folio, 1999, p. 103.
***
« Si quelqu’un était capable d’écrire un beau récit, il serait capable d’accueillir
à bras ouverts ce qui n’est pas.
Si quelqu’un était capable d’accueillir à bras ouverts ce qui n’est pas, il
serait capable de l’amour. »
Pascal Quignard, Petits traités II,
Paris, Gallimard, collection Folio, 1999, p. 109.
[Choix de Matthieu Gosztola]
Rédigé par Florence Trocmé le lundi 28 octobre 2013 à 11h03 dans Notes sur la création | Lien permanent
Quasi simultanément, deux livres du même écrivain paraissent, de formes
différentes, mais d’une grande proximité de fond : un livre de poèmes, et
un livre de fragments. Lambert Schlechter est un écrivain prolifique, et
noircit des dizaines et des dizaines de carnets et cahiers et feuillets
(invitation vous est faite d’aller consulter son mur Facebook, qui
lui sert également de support créatif), frénétiquement il écrit, note, à tout
instant, sans tout publier automatiquement. Le livre de poèmes contient 99 neuvains,
construits tous sur le même patron, quatre distiques suivis d’une clausule, un
peu comme une queue de poisson faite à celle contre laquelle l’écrivain est en
rébellion dès le titre de son ouvrage, le tout teinté du fort érotisme d’une
vie prise à bras le corps, autant que celui de l’aimée ; vivre comme un
fou sage, un morosophe, tel est le précepte qui émane de l’ensemble de ces
poèmes, « à chaque syllabe tu te venges de la mort», écrit-il. Le
« prologue » qui ouvre, seul poème qui ne soit neuvain, est un éloge
de la vie, de l’écriture, des deux qui s’enlacent en amants réjouis. Le pari
est difficile, de faire l’éloge de vivre, sans verser dans une naïveté
juvénile, et si les poèmes ici publiés ne sont point exclus de cela, ils contiennent
son contraire, une maturité indocile, une cautèle à l’égard de sa propre naïveté,
et de ses propres écrits : autrement dit, ça ne se berce pas d’illusions,
mais ça ne se renferme dans la nonchalance amère ; le poète ici joue avec les opposés,
« tout cela est si incroyablement normal/tout cela est si incroyablement
dément », tout comme il médite, dans le livre de fragments notamment, sur
la vieillesse (le philosophe des Essais
est présent à chaque coin de page, entre chaque mot, au cœur de l’écriture,
tout comme la vaste et variable bibliothèque de Lambert Schlechter). La femme
aimée, l’écriture, la vie, la mort, seraient la condensation des thématiques
des deux livres. Le livre de fragments fait défiler des considérations sur
toutes sortes de sujets s’inscrivant dans les quatre thématiques ci-dessus
exprimées, et si intensivement, qu’à le lire, on a le sentiment que rien
n’échappe à sa vigilance, ce, dans le présent livre, avec une tendance plus prononcée
à la parole politiquement engagé, du moins, d’homme engagé dans le monde, et
soucieux du monde au même plan que des détails autobiographiques, une
succession d’annotations sur tout, avec des longues évocations du rapport
amoureux sexuel de l’auteur. Ce qui importe à Lambert Schlechter est de
renouveler constamment ce qu’il nomme la « volupté d’écrire » ;
ainsi, écrire fait aimer la vie ; est-ce là une leçon de sagesse ?
L’humilité
est incessante, rappelée, dans ces « quelques glanures éparses ». Toujours
est-il que le rythme frénétique, virevoltant, joyeusement triste et tristement
joyeux, communique au lecteur une belle énergie, car la vieillesse de
l’écrivain n’est nullement entachée de rancœur ni d’amertume, malgré les épreuves
rencontrées par le passé, évoquées dans le Fracas,
ou dans des livres précédents. Voilà bien deux livres qui, en temps de crise,
de sinistrose endémique et contagieuse, sans chercher à caresser le lecteur,
injectent quelques vitamines d’enthousiasme, ce qui, de la part d’un écrivain
atteint de graphorrhée, est on ne peut plus délectable.
[Jean-Pascal Dubost]
Lambert Schlechter
Enculer la camarde
éd. Phi, 15 €
Le Fracas des nuages
Le Castor Astral, 17 €
Rédigé par Florence Trocmé le lundi 28 octobre 2013 à 10h56 dans Notes de lecture | Lien permanent
Chapitre III
Touchant le dormir et le logis
Ils dorment au-dehors, au-dessus du
niveau de la mer, avec des fragments et des traductions de l’anglais. La nuit
depuis trop longtemps pour architecture. Des rochers se déplacent dans le lit
des rivières, échappent à l’examen, à la vigilance des feuilles. Quand la
montée d’une voix de ténor reçoit (faute de théologie) l’attention d’un cortège
d’yeux, ils se réveillent jeunes et savent qu’ils ont été.
marmotte
morphée
toupie
ambule
Plus tard j’ai joué sous les ponts des
autoroutes pour faire place aux inconnus. Une odeur de béton et de boue, aussi
âcre qu’une transaction sexuelle. Des rides sur les flaques. À peine fœtale. À
la périphérie d’un climat plus intime, j’ai tenté de m’adapter aux trompes et
au feu en guise de draps de lit. Il
fallait en passer par là si je voulais apprendre à imiter la conscience.
les pouvoirs de
Wunnakukkússaqùaum
chair pâle
Tu Dors Beaucoup
rétablie pour prendre l’imagination
par surprise
sortie des racines du rêve
promesse
nulle
coincée contre moi
Chapitre IV
De leurs nombres
Sans le secours de Wall Street, avec quelle rapidité ils imaginent des nombres
inaliénables. Nous n’en avons pas. À l’aide d’un maïs hybride au lieu des
stylos et stylets d’Europe. Au bord de la créativité, entre le gourd et le
fringant, forêt ou vague gelée avant qu’elle ne se fracasse. Qu’on envisage si
une providence clivée ou des kystes logés dans leur esprit leur ont appris. Ou
la volonté, sa surface circulaire. Ce qu’on appelle l’arithméticke. Une énigme
qui soutient la matière
Pawsuck. Du genre masculin
Pâwsuck. Personne de genre féminin
Pâwsuck avait le temps de musarder, de cultiver la
lucidité et la prosodie. Pourtant, ne jouais pas selon les règles. Trop de
messagers sans paroles. A la selle tous les jours et une guerre à toutes les
générations. Je craignais de devenir un objet si ennuyeux que mes os ne me
porteraient plus, même de façon gauche.
la nostalgie représentée
en tibias meurtris
et perte
perte de l’éternité
en triple
de façon à ce que mes genoux
puissent s’écarter
égrener
leurs graines.
Rosmarie Waldrop, Clef pour comprendre la
langue de l’Amérique, traduction française de Paol Keineg, coll.
Géographie(s), Éditions Héros-limite, 2013, pp. 30 à 33.
Rosmarie Waldrop dans Poezibao :
bio-bibliographie extrait 1, extraits
2 (traductions inédites de JR Lassalle), ext.
3, ext. 4
Rédigé par Florence Trocmé le lundi 28 octobre 2013 à 10h33 dans Anthologie permanente | Lien permanent
Rappel : agenda, liens, informations sont désormais publiés ici
Pour recevoir les mises à jour quotidiennes dans sa boîte aux lettres, voir ici
Dernières parutions sur le site :
[Carte blanche]
•Avant-propos
à Manuel Maples Arce, "Stridentisme ! Poésie & manifeste
(1921-1927)", par Antoine Chareyre
[Notes de lecture]
•Sebastian
Dicenaire, "Dernières nouvelles de l'avenir", par Pierre Drogi
•Samuel
Beckett, "Peste soit de l’horoscope, et autres poèmes", par Bérénice
Biéli
[Anthologie permanente]
•Nicolas
Pesquès
•Christian
Tarting
•Jean-Louis
Giovannoni
•petite
anthologie du samedi (V. Novarina, J.-P Michel, R.Waldrop, C. Louis-Combet,
L.Albarracin, M. Blanchet)
[poètes]
Christian
Tarting
[Anthologie « notes sur la création »]
Marguerite
Duras
[Poezibao a reçu]
[Poezibao
a reçu] du samedi 26 octobre 2013
[Le journal permanent de la poésie]
Voir toutes les annonces parues dans le Scoop.it
de Poezibao
Rédigé par Florence Trocmé le samedi 26 octobre 2013 à 10h20 dans Poezibao Hebdo | Lien permanent
Quelques extraits de certains des livres reçus
par Poezibao cette semaine.
• Valère Novarina, L’Organe du langage, c’est la main, dialogue
avec Marion Chénetier-Alev, Argol, 2013, 29€
« Sur cet alpage, nous montions chaque été avec mes parents lorsque j’étais
enfant. Puis ils ont cessé d’y aller et j’y suis retourné au début de l’adolescence,
souvent seul. C’est ici que j’ai commencé à lire vraiment…Les activités d’écriture
ont commencé beaucoup plus tôt, pendant mon année en pension chez Mme Marullaz,
à Morzine ; j’avais huit ans ; je n’ai jamais su pourquoi on m’avait
laissé si longtemps à la montagne… J’écrivais ; j’allais cacher des
“écrits scientifiques”, des graffitis mystérieux, des formules, des équations,
sous les pierres, sous des mazots (ces greniers qui reposent sur de grosses
piles d’ardoises pour que les souris n’aillent pas manger les grains, la robe
de mariée, et les actes notariés qu’on y conservait), c’est là que j’allais
glisser des feuilles, des plans, des inscriptions.[...] Tout a commencé par des
schémas, des plans, des figures. Plus de géométrie que de mots. Des cercles et
des traits avant les phrases, des combats de triangles, des pensées fléchées.
Le langage apparaissait peu à peu. Mais au début c’étaient plutôt des projets,
des pensées dispersées, jetées, des sigles, des schémas offensifs. » (p. 8
et 9)
• Jean-Paul Michel, Écrits sur la poésie, 1981-2012, Flammarion,
2013, 20€
« Il s’en faut de beaucoup qu’à seulement lire on reconnaisse ce monde –
les “choses mêmes”, avec cette crudité qu’on leur sait d’expérience. Cette
façon unique de surgir, d’occuper de la place, dit Descartes. On se blesse à
leurs angles, à leur masse dans leur rencontre sensible. Elles gênent nos
mouvements. Ou les suscitent, les imposent avec la force de ce à quoi l’on ne
peut rien. Quelque chose est. Nous n’en avons d’abord rien choisi, et même rien
su.
À peine avons-nous commencé de nous aviser de cette évidence, qu’il a fallu
mesurer la distance infinie qui sépare ce qui est de ce que nous percevons ;
ce que nous percevons de ce que nous tentons d’énoncer ; ce que nous
tentons d’énoncer de ce que nous sommes. On imagine qu’il y a un monde. Un. La langue
le nomme en vérité. C’est celui-ci. Nous y sommes. Bien placés pour connaître,
donc. Rien n’y pourra faire obstacle, croit-on. Comme on a du courage, cette
belle évidence promet des mésaventures. » (95)
• Rosmarie Waldrop, Clef pour comprend la langue de l’Amérique,
traduction de l’anglais (USA) Paol Keineg, éditions Héros-Limite, 2013, 16€
Quels sentiers leurs pieds rapides à la
course ont tracés dans l’histoire et la philosophie, avec de clairs
prolongements génitaux en direction des Grandes Plaines. Un toucher d’ailes
dans les airs fera bouger l’entendement. Si vaste, affligé, défait, à la
recherche de compagnons pour priser le
tabac et la conversation. Tourbillon d’alentours, exagérations et
claudication, lingua franca gémissante.
Mayúo ?
Y a-t-il un Chemin ?
ils n’y pas de chemin
Sûr et sauf
agiste
ageant
ageur
(46)
• Claude Louis-Combet, Suzanne et les croûtons, L’Atelier
contemporain, 2013, 15€
La plupart des Croûtons, en dépit de leur impuissance et dans leur impuissance
même, étaient restés des hommes de désir. Mémoire et imagination les
travaillaient, les agitaient, les nourrissaient de visions impossibles et de
sensations inopérante. Le canal qui relie le cerveau et le sexe traversait les
vieillards comme une traînée de feu. » (49)
• Christian Tarting, Il salto, Tarabuste éditeur, 2013, 11€
Voir ces extraits
publiés dans l’anthologie permanente de Poezibao.
• Laurent Albarracin, Le Ruisseau, l’éclair, Rougerie, 2013, 12€
La plus belle eau
quand elle décante elle déchante
quand elle repose elle se dédouble
et se mire
puis finit par gentiment pourrir
(41)
Rédigé par Florence Trocmé le samedi 26 octobre 2013 à 10h13 dans Anthologie permanente | Lien permanent
Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages
reçus par Poezibao. On peut aussi consulter la petite anthologie du
samedi qui donne de brefs extraits de certains de ces livres.
NB : ne sont pris en compte ici que les livres publiés à compte
d’éditeur.
•Valère Novarina, L’Organe du langage, c’est la main, dialogue
avec Marion Chénetier-Alev, Argol, 2013, 29€
•Jean-Paul Michel, Écrits sur la poésie, 1981-2012, Flammarion,
2013, 20€
•Rosmarie Waldrop, Clef pour comprend la langue de l’Amérique,
traduction de l’anglais (USA) Paol Keineg, éditions Héros-Limite, 2013, 16€
•Claude Louis-Combet, Suzanne et les croûtons, L’Atelier
contemporain, 2013, 15€
•Christian Tarting, Il salto, Tarabuste éditeur, 2013, 11€
•Laurent Albarracin, Le Ruisseau, l’éclair, Rougerie, 2013, 12€
•Marc Blanchet, Méditations et autres brièvetés, proses
fantasmatiques, La Lettre volée, 2013, 20€
•José Ortega y Gasset, Misère et splendeur de la traduction, traduction
sous la direction de François Géal, postface de Jean-Yves Masson, coll. « Traductologiques »,
Les Belles Lettres, 2013, 17€
•Anne Rothschild, L’Enfance égarée, Caractères, 2013, 12 €
•Lucien Noullez, Sur un cahier perdu, L’Age d’homme,
2013, 15€
•Muriel Stuckel, L’Insoupçonnée ou preque, peintures
Laurent Reynès, préface Bernard Noël, Voix d’encre, 2013, 21€
•Amandine Marembert, Valérie Linder,
Les Gestes du linge, &Espérluète
éditions, 2013, 8€
Micro-édition
•Werner Lambersy, Opsimath, images Anne Marie Vesco,
Rougier V. éd., 2013, 18€
•Patrice Maltaverne, Perte, Perdu, coll »Cnfettis »,
L’Asphodèle, 2013, 2€
•Antonella Fiori, De Black, coll »Cnfettis », L’Asphodèle,
2013, 2€
•Stéphane Prat, Sur le pouce, coll »Cnfettis »,
L’Asphodèle, 2013, 2€
•Corinne Lelepvrier, Non ; plutôt deux fois qu’une, coll »Cnfettis »,
L’Asphodèle, 2013, 2€
•Nicolas Tardy, apprendre avec des pincettes, « pli
onze », walden n press, 2013
Revues
•art-matin n° 7, spécial Germain Nouveau, 5€
•La
feuille automnale, revue
saisonnière de compoétie, xxx, xxxs,
2013, xx€
Rédigé par Florence Trocmé le samedi 26 octobre 2013 à 09h44 dans Poezibao a reçu | Lien permanent
Rappel des actualités de Poezibao,
à suivre aussi ici
•[évènements] Herta
Müller, Nobel de littérature, hospitalisée
•[évènement] The Online
Emily Dickinson Archive Makes Thousands of the Poet’s Manuscripts Freely
Available
•[agenda]
Sophie Loizeau, Paris, le 25 octobre
2013
•[agenda] De la poésie à la bibliothèque / Ville
du Pré Saint-Gervais, samedi 26 octobre 2013
•[agenda] Les 30e
Rugissantes - Traduire la mer - 30e Assises de la Traduction Littéraire -
Arles
•[agenda]L’expérience féminine
dans l’écriture littéraire
•[agenda] 32e Marché de
la Poésie : du mercredi 11 au dimanche 15 juin 2014 (sous réserve)
•[agenda] Julie
Vayssière, Jérôme Game et Olivier Lamarche, Paris, le 28 octobre 2013
•[agenda] Fête du livre d'artiste, Forcalquier,
du 25 au 27 octobre 2013
•[agenda] Heiner Müller vu par Oliver Rohe,
Paris, le 6 novembre 2013
•[agenda] Soirée
jazz et poésie, avec Zéno Bianu et Seymus Dagtekin, le 5 novembre 2013,
Paris
•[agenda] Conférences A.
Markowicz sur Dostoievski
•[article] Les peintres-poètes surréalistes | Jean Arp -
•[article] Jean de La
Ville de Mirmont, le poète-soldat oublié de Bordeaux
•[article]
Benveniste, à la recherche de la
langue de Baudelaire (Acta Fabula)
•[article] Des archives en ligne autour de l'oeuvre d'Emily Dickinson
•[article] 'Male writers
get asked what they think, women
what they feel'
•[article] A Different Kafka
by John Banville
•[article] At home with Louise
Bourgeois
•[article] The Very First Reviews of James Joyce’s Ullyses: “A Work of High Genius” (1922)
•[article]
Walter Benjamin: Culture and
Revolution
•[parution] M.-D. Legrand & K. Cameron (dir.), Vocabulaire
et création poétique dans les jeunes années de la Pléiade (1547-1555)
•[[parution] D. Roch, Poétique des ballades de Christine de Pizan (1363-1430)
•[parution] F. de Saussure,
Anagrammes homériques (éd.P.-Y. Testenoire)
•[parution] J.-M. Gouvard, "Capitale de la douleur" de
Paul Eluard. Formes de la poésie /
poésie des formes
•[parution] Numérisation par les soins d'Henri Béhar des poésies
complètes de Roger Vitrac
•[parution] Walter
Benjamin, Baudelaire
•[parution] Sur Anna
Akhmatova, par Nadejda Mandelstam
•[Parution]
: Olivier Praz. "Viens sous les arbres, parmi les couleurs de la vie
!..." Essai sur la poétique de Friedrich Hölderlin.
•[note de lecture] Un amour de Swann, Marcel Proust, orné par Pierre Alechinsky
•[note de
lecture] "Béton armé" de Philippe Rahmy, par JM Barnaud
•[note de lecture] Décembre m’a ciguë, Edith Azam, par Matthieu Gosztola
•[institutions] Pour une meilleure visibilité de la vie
littéraire en Ile-de-France
•[textes] Le Train de Tarkos
56
•[texte] "Liminaire" de Claude Favre
•[radio] Daniel Pozner
à réécouter dans Les Jeudis Littéraires d'Aligre FM
•[audio] Jack Kerouac,
Allen Ginsberg & Margaret Mead Explain the Meaning of “Beat” in
Rare 1950s Audio Clips
•[Appel à contributions] Les enjeux philosophiques de l’œuvre de
j. m. g. le clézio
Rédigé par Florence Trocmé le vendredi 25 octobre 2013 à 11h06 dans Agenda, liens, informations | Lien permanent
Sachez-le bien, mais naturellement, aujourd’hui
personne ne l’ignore : nous vivons une époque formidable.
Elle est à l’illumination vécue, au rimbaud
pratiqué par tous en vrai, à la lobotomie suffisante : nous vivons sous
acide. Et celle à venir ne saurait nous décevoir.
Changez-vous dès à présent les informations du jour. Elles sont, il est vrai,
insupportables…
Plutôt transportez-les à une puissance décuplée, à une intensité encore
inconnue. Forcez juste un peu la note, contaminez tous les discours dont notre
tête se trouve abondamment farcie et après malaxage restituez sur un ton
auto-convaincu, excité et ravi. Branchez-vous dès aujourd’hui sur les
fréquences du futur.
Dans Dernières nouvelles de l’avenir,
le langage de nos désastres mutants prend une tournure psychédéliquement
jubilatoire et une gravité loufoque. Franchement décervelé, ça parle depuis une
sorte de rimbaud-mickey perfectionné, dont les rêves néo-babyloniens trouvent
enfin leur tournure planétaire et leurs débouchés rentables, une fois pris aux
mots. L’époque à venir, acide et sous acide, est déjà là. On (quelqu’un,
plusieurs) nous en fait, avec un optimisme désarmant et une pédagogie inspirée
de nos meilleures méthodes, la démonstration par la pratique, jouant de tous
les registres de notre orgue mental, pratiquant en effet toutes les farcissures
des langages et registres contemporains à la fois, les télescopant et les
empilant ensemble dans des sortes de rhapsodies-sandwiches du plus bel effet.
Il arrive que ça éclabousse et même que ça spritze ! Un pape éclate et s’y
dégonfle tandis qu’un dalaï-lama prêchant aux chiens a bien du mal à se
débarrasser des cabots convertis accrochés par les dents à ses basques. C’est
dire si même la spiritualité la plus exigeante y trouvera son compte !
Qu’on se rassure, Dicenaire n’appuie sur
aucun procédé et varie les usages de la nov-langue décervelée que nous parlons
déjà. Polyphonique, un pêle-mêle de fantasmes régurgités, associant cerveau,
sexe (beaucoup), argent (beaucoup), génétique déjantée, langages de
l’entreprise et du managériat : un cocktail de voluptés diverses qui
voisinent, prennent feu les unes aux autres, en viennent à faire confondre
allègrement, vraiment allègrement ? génocides et partouzes. Un feu
d’artifice de voluptés mortelles ! Comme sur un grand huit, nous pourrions
y hurler de joie. Pourtant toute ressemblance avec une réalité existante ou
ayant existé ne paraît pas fortuite.
Les formes de l’exposé, car certains textes semblent destinés à nous
convaincre, sont diverses et variées. Cocasse leçon au tableau noir. Joyeuse
molestation de nos cellules. Interview (on ne dirait pas entretien) de Nemo sur
Monsieur Tout-le-monde. Joyeuse modification, scientifiquement appuyée, et
graduée, de la réalité. Cette dernière est en effet modifiable, comme on va
voir : tout le réalisme du XIXe siècle dans le roman, revisité par la
technique infaillible de notre « personnologue ».
Un tel texte drôle, et hélas vrai, fait percevoir, en concentré de doses, ce
qu’à petit volume nous ne cessons d’avaler tous les jours, plus long que des
couleuvres.
Et pour une fois, le discours du monde toujours terrifiant désopile.
Ce texte qui pourrait paraître nous répéter,
depuis « l’avenir » d’où il nous parvient et dans sa forcissure, et
bégayer, bégayer, bégayer, nous fait comprendre quelque chose de ce que nous
vivons, de l’effet du bombardement actif des discours qui nous visent,
incessamment, et ce faisant, en partie, il nous extrait, il nous délivre.
Merci, Sebastian Dicenaire.
[Pierre Drogi)
Sebastian Dicenaire, Dernières nouvelles
de l’avenir, Atelier de l’Agneau, 2013
Rédigé par Florence Trocmé le vendredi 25 octobre 2013 à 10h49 dans Notes de lecture | Lien permanent
Extraits de La Face nord de Juliau, onze et douze, de Nicolas Pesquès, choisis
en mémoire de mon amie Maryse
Hache, disparue il y a tout juste un an, le 25 octobre 2012.
On peut regarder la prairie. On peut lire celle qui ne se voit plus dedans. On
peut regarder et voir celle qui manque d’être là. La séparation est la
conjonction. Et. Les trois cyprès et les deux autres. Les deux points du mode d’emploi
quand on interroge le mélange. Du bruit autour de la perdrix. N’arriveront à
faire de la colline ni l’envolée de matière ni l’amas de texte. Le corps qui
les broie. Le paysage se dessine et s’en va vers d’autres usages. On lit le
sillonnage dans les deux sens. Le calme n’est pas revenu. Sans doute parce qu’une
logique n’est pas la bonne. Soit vraie soit réelle. Le ET est détachable.
Finir sans fin en déposant les ustensiles, en perfectionnant la vallée et en
fermant les yeux. Le front encore tiède. Le
livre pour toujours et la colline ad lib. L’accompagnatrice arrêtée par le
gong, suspendant lentement sa ponctuation. Le rythme des phrases porteuses d’une
équivalence douleur-couleur. Les serrantes, les devenues du ciel, les
terriblement muettes. Le tour de la maison, le nouage et l’adieu. L’arrivée de
la très grande privation à l’ombre de la face nord. Cette chose presque
tranquille qui disparaît d’un coup. Le sens des corps.
Les scènes sont plusieurs mais il y en a d’excédentaires. Excellentes coupures.
Passage en trombe de choses illisibles qu’on gardera, compactées. Meule du
souvenir. Texte ajointé par tranche. Puis le coucou avec la brume. Beau matin.
Celle qui s’éloigne ne fait que s’éloigner. Donc dite. Une jolie possibilité
comme un bouclier. On n’écrit pas. On regarde le chardonneret. C’est de l’uranium.
Depuis qu’elle disparaît, elle aggrave la lecture. On peut le dire à l’envers :
elle est si légère qu’elle arrive à tout bout de champ. Façon d’habiter.
Certaines factions provoquent des images rémanentes : jaune, li(è)vre,
fourche. Les fils suivent le vent. Il n’y
a pas d’amour heureux peut se dire autrement : le bonheur est si
aérien que seul l’instant le garde. Le scorpion fait danser ses pinces. L’épée
de l’hirondelle. Les images qui s’écrivent dans les étoiles sont de la volonté
dévastée. L’empire des réflexes. La grammaire qui clignote. La reine noire.
Oui.
Nicolas Pesquès, La face nord de Juliau,
onze, douze, Flammarion, 2013, pp. 161, 164, 171 et 177
Nicolas Pesquès dans Poezibao :
lecture d’été au musée Zadkine (08), bio-bibliographie, extraits 1, La Face nord de Juliau, 6
(par A. Paoli), La Face Nord de Juliau, V
(journal de lecture par F. Trocmé), ext.
2, La Face nord de Juliau, 7, ext.
3, une
rencontre avec N. Pesquès (Petit Palais, 2011), ext
4, ext.
5, "La
Face nord de Juliau, huit, neuf, dix" par Florence Trocmé (journal de
lecture), "La
face nord de Juliau, huit, neuf, dix" par Matthieu Gosztola, "La
face nord de Juliau onze, douze" par Antoine Bertot, "
La face nord de Juliau onze, douze", par Ludovic Degroote
Maryse Hache dans Poezibao :
Bio-bibliographie,
écho
rencontre Bénézet, Di Manno fevrier 07, extrait 1,
un
atelier de poème, ext.
2, in
memoriam,
Rédigé par Florence Trocmé le vendredi 25 octobre 2013 à 10h41 dans Anthologie permanente | Lien permanent