Toute nouveauté ayant pour condition essentielle l’élimination préalable du poncif auquel nous étions habitués et qui semblait la réalité même, toute conversation neuve, aussi bien que toute peinture, toute musique originale, paraîtra toujours alambiquée et fatigante. Elle repose sur des formes auxquelles nous ne sommes pas accoutumés [...] Au fond, les anciennes formes de langage avaient été autrefois, elles aussi, difficiles à suivre quand l’auditeur ne connaissait pas encore l’univers qu’elles peignaient. Mais depuis longtemps on se figure que c’était l’univers et on se repose sur lui. »
Marcel Proust, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, cité par Claude Simon in Quatre conférences, Les Éditions de Minuit, 2012, p. 22.