Quelques heures de lecture sur un banc
De jardin public en bordure de route
La poussière et le bruit ratissent de près
Mais les arbres sont hauts et au soleil
Les passants portant couleurs de l’été
Se meuvent en transparence sur les eaux des yeux
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Les jardins d’Été sont des lits de feuilles
Tombées au travers d’heures qui furent uniques
Une musique jouée ici sous les arbres
Un dimanche matin seul de toute une vie
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Les petites choses : une boîte de laque rouge
Avec un héron ou peut-être une grue
Porté en signe léger entre ciel et terre
Notre immortalité en brindilles d’or
Sur une nappe de sang
Des livres de la taille d’une main
Aux doigts serrés où un oiseau bleu
Se pose parmi les fleurs
Et change de place
Suivant la coupe du sort
Deux toiles de Monet d’une grande taille
Où la gardienne de la salle me montre
Dans l’une, une datcha dans une clairière
À peine visible, dans l’autre
Une ronde de statues comme une bague de fée
Ces images glissées parmi les valises
Chargées des livres des autres – les grandes aimées
Les voix qui portent une terre et toutes ses heures –
De la menue monnaie pour un proche cerbère
Heather Dohollau*, La Terre âgée, Folle Avoine, 1996, pp. 61-63.
Heather Dohollau dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, extrait 7, Le lieu de la poésie d’Heather Dohollau (contribution de Béatrice Bonhomme au colloque de Cerisy), extrait 8, extrait 9, ext. 10, ext. 11, ext. 12, La mort d'Heather Dohollau
*NDLR : In memoriam Ronald Klapka qui m’avait fait connaître Heather Dohollau, et alors que je suis passée hier tout près de « La Madeleine », à Reims.