II
Je suis resté poète dans toutes les extensions de ce terme bien que je me sois souvent bien tyrannisé avec le contraire de tout ce qui est poésie.
Friedrich Nietzsche
[...]
par conséquent, s’en va, décide de s’en aller, ne cesse d’endurer cette passion mobile – “la monstrueuse cause” –, n’enseigne plus depuis longtemps, voyage, parcourt, traverse des pays – ponts et viaducs qu’une ouvrière de persuasion, piètre génie civil, installe dès qu’il s’annonce – où il lui arrive de croiser, d’écouter, d’attiser la querelle des langues car il retraite ainsi le monde en sa mallette, le désoriente vigoureusement, c'est-à-dire à grands pas, l’air en tête – ce fond de chant, ce rudiment du chant premier, pas encore chant, qui reste en soi – annonce sans avoir à le dire puis renonce à écrire qu’il débute désormais chaque scène par un double-cliquer à l’ouverture, suivi de notes tombées, lesquelles correspondent parfois à l’expression d’un “excédent d’états d’âme d’une rareté et d’une nouveauté qui outrepassent toute norme”
alors, loin de tout activisme, il cherche les “signes” pour rendre compte de tels états, à la lettre inédits – appartenance ou attention fléchée -, chaque fois difficiles ;
en évoquant son propre cas,
il dira voir en M. Nietzsche – l’homme
à partir de là – un artiste
sans doute plus qu’on ne le pense
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ce qui est vrai
si percevoir les “signes” et cesser enfin de se nuire
sont une seule et même chose
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une fois rendu,
il s’installe donc dans une pension,
plusieurs fois il l’écrit à tous ceux qui vivent sous un ciel différent,
il le fait, le refait maintes fois,
tout comme il dit changer de quartier, de chambre, d’étage, de régime,
histoire de demeurer sensible aux variations
[...]
Pierre Parlant, Les courtes habitudes, Nietzsche à Nice, collection « Antiphilosophiques », éditions Nous, 2014 pp. 59 à 63.
Pierre Parlant dans Poezibao :
bio-bibliographie, notes sur la poésie 1, ext. 1