Comme par fidélité aux morts. A qui n’est pas. À personne.
À la réalité soustraite, in-affectée. Trois fois dans l’inoubliable, dans son arrêt. Dans autre chose – autour de quoi nous tournons, sans approcher.
Dans le différement, – l’à jamais hors de soi. En resté. En rebond d’après.
Comme parfois, s’imposant avec tant de force – qu’en deçà même d’un sens, de l’esquisse de rendre.
Mus d’avant de rien dire. Sauvés que parler vienne trop tard.
Au jeu avec les mots, leurs cadavres qui se vengent.
Prendre le réel à la gorge ; serrer jusqu’à ce qu’il avoue.
Une suppression qui s’accole. Une douceur de femmes sous la pluie.
Écrits. Non pour bandelettes d’anthologies, ni trophées du jogging lyrique. Pour un bégaiement qui perd, s’ampute de lui sans se connaître.
Vitesse d’avant l’erratique. Où quoi ? – heurté au code, pornographié. Où pille par vœu ; dépasse ce qui dément.
Artisanat. Débordements pythiques. Cataplasmes des pratiques, onguents des théories.
Bouche bée, on fixe le sandwich qu’on mange, l’horizon – sans identité.
Ou dans l’anamnèse, l’inarticulé : comme une chute par sursauts, – clones lointains qui sortent, invoquent.
Où sédiments de langue, négatif agrandi : comme hors du bruit, coextensif. Dont il résonne.
Ni performance, ni extase : main écrivant. Salive et dents qui s’arrêtent : chirurgie d’invisible, raclement pariétal.
Et toujours, qu’est-ce qui ? – entre l’être et lui, dans leur court-circuit débranché.
Graves tisanes de concepts, prothèses pour hémicycles. Rhétorique de podium et climax au micro.
Et quelques minutes, ce qui se recrache ; ce qui sent encore le creux de mâchoire, l’aborigène du grand Ailleurs.
Barbare, écrire ; scribe : abjurer.
[...]
Christian Hubin, Rouleaux, L’Etoile des limites, 2015, pp. 9 à 11.
Christian Hubin dans Poezibao :
bio-bibliographie, notes sur la poésie, ext. 1, nc1