Un petit recueil d'une dizaine de ''poèmes en bloc'' dont chacun est fait pour être soufflé à haute voix selon la méthode ''spirométrique'' explicitée en avant et amont, re-prenant/-donnant souffle au suivant. Tirades logo-rythmiques tout en figures de style, néologismes, jeux de mots, détournements, cut-up, citations, dictons et expressions populaires assemblés à grand contre-/ren-fort de tournures anciennes, antiques et médiévales et colorés d'un(e) verb(/v)e aux accents celtiques et rabelaisiens.
Edits et dits écrits hypertextuels, manifestes fantas(ti)ques et foutraques – « principe de l'instantané cumulatif » – autour desquels rôdent des fragments plus petits à la manière de marginalia, qui tiennent de l'affable et de la fable, de l'affamé loup tapi qui surgit, surjoue, se joue de tout, de nous, de lui-même avant tout.
Loin de l'esprit resserré de sérieux, lucide et ludique, sincère jusqu'à l'intime, marqué par une volonté ''autotélique'' – « Je suis un orage individuel, une tempête learienne » – poétique – « le rythme sauve de la pensée pauvre, est pensée filante, le laisser se bâtir seul et en même temps tenir la trame des fils blancs » – et politique – « car chaque jour est une consternation sans aucun mot de passe » – Jean-Pascal Dubost, auteur d'une vingtaine d'ouvrages et notamment à l'origine et au coeur de l'association Dixit Poétic et du festival Et Dire Et Ouïssance – déroule ici thèmes et anthèmes avec « folle somme de lire, lyriquement monstre » (au sein de laquelle Leopoldo María Panero ou encore Valère Novarina) en une manière d'« entretissage » qui se déploie dans et arpente maintes et maintes direction et dimensions pour former la matière d'une poli-anthologie, d'un florilège qui éclot sur la feuille noircie et pétille sous une langue fleurie.
Eric Darsan
Jean-Pascal Dubost, Fantasqueries, Éditions Isabelle Sauvage, 97 pages, 2016, 17 €
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