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Le numéro 66, première publication au format électronique, est consacré à Anne-Marie Albiach.
Le numéro 66 de la Revue NU(e) sur Anne-Marie Albiach
Anne-Marie Albiach publie ses premiers poèmes à la fin des années soixante. État paraît en 1971 au Mercure de France. Selon Claude Royet-Journoud, la poète vient de « changer le visage de la poésie ». Si, de son poème, « partition de mots, de phrases, de blocs et d’espaces » monte, comme le pense Emmanuel Hocquard, « une polyphonie d’intonations qui vont de l’austérité à la sensualité extrême », pour Jean-Marie Gleize, il s’agit de « l’invention de formes nouvelles, sans définition de genre ».
Prenant sa source dans le mouvement immobile qui anime le corps, le poème d’Anne-Marie Albiach propose comme un théâtre de mots, reflets d’une intériorité, sur l’espace scénique de la page. Le théâtre ou la théâtralité caractérisent son esthétique. Mais la danse paraît peut-être mieux à même de définir ce qui se joue dans cette œuvre, par cette volonté de spatialisation. Si pour Mallarmé, « la Danse [est] seule capable, par son écriture sommaire, de traduire le fugace et le soudain jusqu’à l’Idée », pour Anne-Marie Albiach, il est possible d’envisager une « mobilité chorégraphique ». La poète n’affirme-t-elle pas, d’ailleurs, qu’« il y a une disposition chorale » dans ses poèmes et que cette façon de disposer les mots sur la page se fait selon un « rythme corporel » ? Le blanc, quant à lui, véritable cheville ouvrière du poème, « renvoie au corps de façon initiale » : « une fois qu’il est inscrit sur la page, il renvoie au discours et au discours du corps. En fait, le blanc m’est très naturel, dit Anne-Marie Albiach. Il n’est pas pour moi une mise en question. Il est devenu l’écriture même, enfin... il fait partie de l’écriture même. Tout autant que la lettre, que l’alphabet. » Nous pouvons encore lire dans Figurations de l’image : « une blancheur irradie nos pulsions ». Cette blancheur pourrait bien être en relation directe avec le réel, qui s’y résorbe ou nidifie. Le réel œuvre jusqu’à une certaine dimension spirituelle : « le réel s’avoue indécis / dans la description / irradie la nuque / vers une verticalité ». Le langage, cette « courbe invertébrée », prend en force et en affirmation lorsqu’il s’érige, et devient « l’acte vertébral ».
C’est aussi d’une lecture musicale qu’il faut parler avec Anne-Marie Albiach. En effet, elle souhaite que son poème soit comme « le reflet d’un chant » et ce chant envisagerait le passé, la mémoire. Composition phonique, chœur, chant ou sorte d’écholalie par contrepoint, le poème se répartit sur la page comme les notes d’une partition.
Le volume que consacre la revue NU(e) à Anne-Marie Albiach, coordonné par Régis Lefort, rassemble « Intermède ou lapsus », un texte publié dans la revue Amastra-N-Gallar en 2006, des brouillons d’Anne-Marie Albiach, des photographies, des hommages et des études critiques indiqués ci-dessous :
• Anne-Marie ALBIACH, « Intermède ou lapsus » • Anne-Marie ALBIACH, Brouillons de poèmes • Régis LEFORT, Le désir ou l’attente • Alain CRESSAN, Géométrie – discontinu – point : figure vocative • Florence JOU, Circuler dans l’œuvre d’Anne-Marie Albiach • Francis COHEN, De la pulsion tangente au volume • Éric DAZZAN, Anne-Marie Albiach : l’existence du terrible : la remémoration • Catherine SOULIER, Résonances circulaires, Notes sur L’EXCÈS : cette mesure • Marie-Antoinette BISSAY, Représentations mouvementées des corps dans l’entrelacs sde l’écriture poétique • Sandrine BÉDOURET-LARRABURU, Une poétique du corps dans Mezza Voce • Marie JOQUEVIEL-BOURJEA, A(nne)-M(arie) A(lbiach) : NU(e) • Rémi BOUTHONNIER, Une étude linéaire de « Distance : “analogie” » • Françoise DELORME, L’abstraction et l’épreuve du feu, État, une traversée • Abigail LANG, État des lieux. Anne-Marie Albiach, “A”-9 et la poésie américaine
Bibliographie : Haie interne, revue « Nothing doing in London », 1966 ; Flammigère, revue « Siècle à mains », 1967 ; delà En dépit, revue « Le temps des loups », 1969 ; État, Mercure de France, 1971 ; Mezza Voce, Flammarion, 1984 ; Anawratha, Spectres familiers, 1984 ; « Figure vocative », Lettres de casse, 1985 ; « premier portrait », revue « Fin », 2002 ; Figurations de l’image, Flammarion, 2004 ; « après cela, moi j’ai regardé », revue « Amastra-N-Gallar », 2006 ; Cité lacustre reins brisés, revue « Fin », 2006 ; Un délit mémoriel, revue « CCP », 2007 ; L’Asphyxie proximité du verbe, revue « Ligne 13 », 2011 ; Celui des « lames », Éric Pesty, 2013 ; Cinq le Chœur (1966-2012), Flammarion, 2014.
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