En écho la note de lecture de
Crever les toits, etc. de Claude Favre
par Jean-Pascal Dubost,
quatre pages d’extraits du livre.
On peut lire d’autres extraits ici.
dans les rues ça n'existe pas plus se promener plus de rues à Alep têtes en l'air à l'écoute du ciel et ses bombes_j'aurais tant aimé danser jusqu'à la fin de mes jours_à calculer le temps qu'il reste pour traverser entre obus d'artillerie roquettes et missiles sol-sol_ça toujours commencé tu dis, et ce n'est pas rien qui ne, on peut se demander ce qu'en pensent et les ânes et les chiens_du ciel gaz toxique et explosifs ils sont jeunes parfois ou au bout d'une vie qu'en faire quand fous de faim à errer ou fuir les entrepôts pillés les hôpitaux à sang en nerfs folie et jusqu'où ce n'est plus une question ou un mauvais rêve l'enfer sur terre_regarder droit dans le soleil_c' est la mort d'où on ne revient pas et chaque fois des hommes ce qu'ils avaient de corps de rêves meurtris, pas, tu dis nous devrions mourir à chaque fois_mais qui sait où le fleuve rencontre la mer_en feu le monde irrespirable à bout de forces en Inde force lecteurs de Mein Kampf dans le déni dans un manuel de géographie de 5e en France un article d'un site d'extrême-droite bretonne pour qui nous sommes égaux mais pas tous et trop d'Arabes pauvres et qui viennent d'ailleurs_sous mon pupitre on a creusé un petit trou pour me rassurer_et qui sont les barbares, on peut se demander
hors de, qui me fait vivre j'ai le monde entier et son contraire en moi et hors, tu dis n'imagine combien jusqu'où_à qui on a promis ne tenir compte des premiers pas empreintes prises qui décideraient du droit d'asile partir de la Jungle réussir l'évacuation de la Jungle il y va des élections dire n'importe quoi mais quoi de la désespérance quoi faire aujourd'hui dire aux Érythréens Soudanais Somaliens en grève de la faim en Bretagne confite dans la dévotion de soi_mais qui sait où le fleuve rencontre la mer_il se passe des choses intéressantes dans une bouche hors des gammes des clous des croix en bel allant_est-ce un trésor une blessure_pousser les murs, dresser le dos, pas de page blanche, attaquer l'histoire ses chimères tu dis, crever les toits_briser comme ça une ville ancienne tuer comme ça les hommes du passé broyer l'avenir à Alep ancienne capitale du commerce humain sous les bombes 250 000 personnes à bout au bord de la famine grains de riz de l'eau sale dans des bidons tuer sans vergogne jusqu'aux enfants et leur unique clown qui osait le sourire poussait les murs et la propagande un massacre quotidien l'ONU le monde dans l'impasse_n'imagine_jusqu'où
on peut se demander, tu dis, et qui sont les barbares et jusqu'où_on dit violence jamais vue à Alep mais déjà dit vu ça le nouveau président américain éprouvant les rebelles continuer mais comment la vie empêchée l'homme pas allié de l'homme à Dadaab au Kénya camp à fermer faute d'aides cause sécurité qu'ils disent qu'ils retournent 260 000 en danger vers la Somalie_partout j'ai vu des caravanes de tristesse_il y a dans les yeux des fantômes il y a des fantômes sous la peau dans la bouche des bouches qui hurlent à ne pas être entendues cause commune à faire régner la peur les djihadistes de Daesh au plaisir de tuer peur de la liberté à force peur eux-mêmes est-ce le monde qui tourne en rond à ne, et l'oubli du passé_les tribus nomades se gardent d'attaquer un voleur de feu_la vie est là libération d' Aslı Erdoğan démentie continuer continuer jusqu'où d'échappatoire aux coups la vie a de ces relents les suicides des pauvres_poussent les folies repoussent, ça craint tu dis jusqu'où irons-nous_ renforcer en Hongrie à la frontière serbe une clôture dite intelligente capteurs de chaleur fossé d'eau barbelés caméras infra-rouge contre des vagues de migrants on dit vagues on dit peur et rideau de fer_et jusqu'où avant le chaos
bain de sang une maternité détruite destroy les Russes en bonne conscience Assad destroy après la vie après la chute du mur de Berlin on érige des murs des barbelés des murs à n'en plus savoir un quart de siècle après et le Ku Klux Klan se félicite de la nomination de Trump_il se passe quelque chose à regarder les cartes, nous nous piégeons nous-même dis-tu_mais qui sait où le fleuve rencontre la mer_de nos yeux à leurs bouches il y a des frontières, pas d'étendue vierge, pas d'identité qui ne bougerait, pas réparer les vivants_stupeur toujours de la mort mais pas de la même façon des grandes douleurs hymnes pour Fidel Castro mon second père pour certains pour l'Iran guerrier infatigable_de quoi nos lâchetés sont le nom, tu dis n'imagine, dans les basses terres, comment rompent nos danses au regard des morts perdus_volatilité des pensées programmes irréalistes où va le monde ici et maintenant qui penche penche j'aurais tant aimé_elle a 12 ans_danser_des décombres_jusqu'à la fin_des décombres_de mes jours_sauvée sans ses parents comment la vie destroy
Claude Favre, Crever les toits, etc. suivi de Déplacements, Les Presses du réel, 2018, 96 p., 10€. pp. 20 à 23.
Note de lecture de ce livre
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