Jean-Louis Giovannoni publie L’air cicatrise vite aux éditions Unes.
Nommer une chose, c’est l’éloigner à jamais
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Dans cette pièce, tu sens bouger les branches d’un arbre absent... et les meubles respirent.
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Tu aimerais demeurer, t’établir
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Le point final est encore un mouvement
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Coincés dans leur nom, les corps disparaissent.
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Nomme pour ne plus avoir à regarder.
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Les mots nous sont prêtés. Seulement prêtés.
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Ces visages qui affleurent à la surface et qui ne vivent qu’un instant.
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Cette chambre où tous les soirs des personnages t’obligent à rêver leur vie.
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A qui sera-t-elle donné cette tête qui se dessine dans les fissures du mur ? Qui voudra passer en elle ?
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Effacer est une nécessité.
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Le monde n’est visible qu’entre deux battements
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Jean-Louis Giovannoni, L’air cicatrise vite, Editions Unes, 2019, 64 p., 16€, pp. 14 à 16.
Présentation du livre par l’éditeur ;
Le monde est peuplé d’ombres, les nôtres pour la plupart. Nous le traversons, nous déchirant dans l’air qui se referme si vite derrière nous. Notre existence est une succession de disparitions, celles de nos gestes, de nos respirations, de nos mots. Tout ce que nous formulons est immédiatement effacé. Nous n’avons d’appui sur rien, coincés à l’intérieur de ces disparitions, incapables de rien retenir. L’air cicatrise vite est un livre fantomatique, Jean-Louis Giovannoni est allé en chercher la trace dans ses carnets inexploités, écrits entre 1975 et 1985. On y retrouve les obsessions fragmentées présentes dans Garder le mort (1975), Les mots sont des vêtements endormis (1983), ou Ce lieu que les pierres regardent (1984), mais ici hissées à un point de transparence inédit. Il s’agit de trouver un lieu, un espace respirable. Le monde est plein de son plein, s’engouffre partout, dans nos vides, nos insuffisances, et tout est invisible et nous hante, jusqu’au silence. On voudrait tendre les bras, les autres sont toujours dehors, toujours trop loin, et même les objets sont des absences, même les objets rêvent à notre place. On cherche à tenir bon, contre les murs, contre la multitude évanouie qui s’agite en nous, nous repousse et nous contient, sans identité. Et pourtant nous ne disparaissons pas dans cette fluidité de la perte qui nous échappe, il reste notre présence dans l’air malgré les disparitions successives de nos agitations de vivre ; « seule la perte laisse des traces. »
Jean-Louis Giovannoni dans Poezibao :
lecture chez Tschann, extrait 1, lecture au Divan (2009), à la librairie Corti (2009), in notes sur la poésie, Garder le mort, (par Camille Bonneaux), ext 2 , Envisager (J. Kerouanton), Envisager (L. Degroote, Ne bouge pas ! (par Antoine Emaz), sur Gilbert Pastor et JL Giovannoni (A. Bernou), "Envisager", par Isabelle Lévesque, ext. 3, Dossier Raphaële George, par Jean-Louis Giovannoni, [Carte blanche] "Du double intérieur ou comment s'établir", Raphaële George, par Jean-Louis Giovannoni, [note de lecture] Jean-Louis Giovannoni, "Voyages à Saint-Maur", par Ludovic Degroote, ext.3, (note de lecture) Jean-Louis Giovannoni, "Sous le seuil", par Véronique Pittolo, (anthologie permanente) Jean-Louis Giovannoni, (note de lecture) Jean-Louis Giovannoni, "Sous le seuil", par Laurent Albarracin
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