Sandra Moussempès publie Cinéma de l’affect aux éditions de l’Attente.
Opéra-poème
Mon arrière-grand-tante Angelica Pandolfini
fut une cantatrice célèbre au début du siècle
quand un jour je découvris sur YouTube
sa voix enregistrée en 1903 son timbre
ressemblait au mien c’était troublant
(...)
Je me suis longtemps demandé de quelle matière sont constituées les cordes vocales
Ne sachant pas où elles se situent, j'aurais pu emprunter une sonde gastrique et vérifier moi-même sur un corps inerte ce qui provoque ces ondes sonores humaines — la voix chantée, l'intérieur de l'humain —
Le cœur de son image la présence de son phrasé
Les femmes chez nous criaient facilement sous des dehors respectables
Les voix des hommes étaient feutrées sauf devant les matchs à. la télé
Là ou d'autres cris d'hommes se disputent une règle du jeu matriarcale
J'ai commencé à chanter quand j'ai senti qu'il fallait se taire
A
près la mort de mon père qui désirait, lui, que je sois chanteuse d'opéra, comme un complément d'enquête en contre-façade à la famille paternelle, je suis devenue chanteuse de façon clandestine, le chant s'est transformé en voix, le timbre en écriture revenue à la voix sans que la voix y succombe
Une partie des extraits a été supprimée à la demande de l'auteur le 23 mai 2024
Sandra Moussempès, Cinéma de l’affect, Editions de l’Attente, 2019, 104 p., 13€
Lire cette note d’Anne Malaprade. Et une autre d'Eric Houser.
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