Yves Boudier en avait fait part lors de l'inauguration hier soir du Marché de la poésie de Paris, Julien Blaine le confirme à Poezibao, ce matin, avec ce message :
"Philippe Castellin est mort
avant-hier soir 19 octobre 2021,
ainsi, dans notre quadruple jeunesse =
(octogénaire c’est 4 X 20 ans),
nous aurons bientôt, autour de nous,
plus de fantômes que de vivants.
Du front Q (culturel) au dernier DOC(K)S
Qu’il a tout juste bouclé « avant »
53 ans de complicité et d’amitié…"
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De Julien Blaine, le vendredi 22 octobre 2021
Philippe Castellin
26 juin 1948 à Isle-sur-la-Sorgue 84800 (Provence)
19 octobre 2021 à Stephanaccia 20138 (Corse)
ALORS
il plongeait à la recherche des arbres de corail
il descendait à 80 mètres de profondeur
très vite
chargé à bloc en enlaçant des énormes rochers de granit.
Il descendait en respirant des gaz rares,
l’air pur et l’oxygène ne sont pas compatibles avec ces profondeurs.
Et là, à bord de son bateau
le drame est entamé :
Philippe remonte.
Il doit marquer rigoureusement les paliers du retour à l’air libre
sous peine de mort.
Il a gonflé une bouée jaune,
une espèce de banane
pour désigner le petit bout de mer
où il va réapparaitre
vif et glacé
après avoir marqué scrupuleusement ses paliers.
Philippe est un corailleur, un plongeur professionnel, un capitaine de pêche.
Voilà la banane qui gicle hors de l’eau comme un espadon-voile.
Voilà Philippe qui apparait.
Le bateau est là.
Son bateau est là qui le recueille !
Ce qui précède est une métaphore ou pas.
Julien Blaine 21X2021
Et une contribution de Jean-Charles Vegliante, le 25 octobre 2021
In memoriam
(avec G. Ungaretti)
Il s’appelle Philippe Castellin
Phil pour quelques
survivants
de son époque en-allée
et il ne peut qu’être vivant
dans nos vies
si souvent informes
qu’il avait voulu
si fort voulu
d’abord transformer
puis emporter
vers un autre monde
jamais offert,
jamais consommé
difficile et splendide
exigeant
comme sait encore parfois
à une certaine profondeur
être la mer
La mer qui ne se donne pas
au premier venu
qui ne se laisse pas
non plus
acheter, ni séduire :
qui se mérite
après beaucoup de pensée
en acte – la poésie –
et pour toi simplement
la vie,
tu es avec nous de toute évidence
nous ne saurons plus ce que
tu penses
(alors que tu t’éloignes de nous
à jamais, la radio nous apprend
qu’une paire de baskets ayant été portée
par un de ces grands garçons en culottes courtes
a été vendue 1 million et demi
de dollars)
D’Atarpop à Cala d’Orzu à ton cher Doc(k)s
tu as cru à l’art
Qu’en penses-tu là où tu « es » peut-être ?
Nous aimerions le savoir
mais l’important est devant
dirais-tu avec un sourire –
il y a de quoi faire en stock
ne vous inquiétez pas,
on va remonter et s’en sortir
Jean-Charles Vegliante
(Paris, 25-10-21)