Elke de Rijcke publie Juin sur Avril aux éditions LansKine.
IV
irréellement verte l’herbe, s’est révélé ce qu’il y a à dire*
DÉPISTAGE DES LÈVRES FUTURES
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The Flux and the puddle / face 4 →
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Mon corps émerge visiblement froissé par un drap,
ionisé
ne sachant pas où, ni comment.
Un coule est-il, bitume qui coule dans mon cerveau floche au petit matin
Je glisse (mon oreille glisse sur)
une plateforme de chargement tirée dans le voisinage, dans ma chambre
à travers la persienne
puis-je encore sentir, penser ?
l’arrière-plan à droite s’amène et s’éloigne
le terminal 1 de Bruxelles déraisonne dans les airs
je respire la fumée des particules
ainsi sur le lit
le 31 mars 2016
drue dans la gorge des mésanges
..
Mon amant relégué à Dt a mes seins.
nous avons été séparés par le cutter de ma pensée
(toujours désirant ta peau de soie
mais éros a tracé sa hache dans ma poitrine
sa flèche inversée
encaissée
d’un coup dans ma gorge, jusqu’au mal de respirer
troue l’aube de ce printemps,
annonce le trou de cette aube
Les larmes (les miennes, les tiennes) moussent des mortes-eaux,
lèchent nos mains
nos doigts dégrafés
nos muscles, jaunes (éros cancéreux)
et la rétraction encore informe de nos bras
fragiles sommes-nous
mes bras
sont mors, sortis de leur articulation. des débris-du-nous à 5 am.
ALORS ARRACHE
qui doit.
du chagrin on doit s’arracher
car déjà le cerveau charrie les bras et jambes vers un pâle
et froid.
il faut l’extirper
Hoquètent des biceps
la rage au coude ils essaient de se lancer
doivent
se lancer pour
Pour / pour qu’ils arrachent
trouent et arrachent la bile
trouent à leur mesure
et cassent
FOUILLANT
La promesse de mai tient par mini-grappes à pistils
cherchant leur vert.
Je sais qu’elles sont là nos lèvre, sont là
Les abeilles savent que les champs de fleurs sont là.
Observe :
l’octopamine pilote leur errance pendant des kilomètres, mais soudain,
rapide en huit ! une danse bouscule les tiges et plonge
leur trompe ciblée comme une fusée dans le pollen
Elke de Rijcke, Juin sur Avril, LansKine, peinture de couverture, Benjamin Huynh, 2021, 176 p., 18€, pp. 138 à 141.
*extrait de Est-ce toi, moi ? de Kees Ouwens
« Inspiré d'une scène de Nouvelles Impressions d'Afrique de Raymond Roussel, Juin sur Avril se joue à l'intérieur de The Flux and The Puddle, une sculpture de David Altmejd. Le livre engage un dialogue poétique avec quelques œuvres d'art du 19e au 21e siècle, avec la littérature, la musique post-rock/métal et les sciences. Y sont abordés l'univers comme donnée physique, certaines avancées en neurosciences, le savoir astrologique, l'exigence de l'amour et le désir sexuel, éros comme possibilité et juge du bonheur, la primauté de la beauté et l'échelle des valeurs, les micro-métamorphoses infinies, l'avancée de l'âge, la destination et la finalité de ma vie. »
et
« Ce livre est envisagé comme s’il s’agissait d’une œuvre architecturale. Son point d’ancrage est la sculpture gigantesque et labyrinthique The Flux and the Puddle (2014) de l’artiste canadien David Altmejd. L’objectif de Juin sur Avril n’a pas été de décrire la sculpture, mais d’investir celle-ci comme l’espace d'une quête poétique. Cette quête poétique n’est autre que le voyage de la vie récente de l'auteure. »
Plus d’informations sur Elke de Rijke et son approche poétique sur son site.