Fragmentation de l’écho ou /et fragments et échos.
Je ne lis plus de romans (après en avoir lu beaucoup). La Robe de Robert Alexis paru en 2006 chez José Corti, ça avait été un événement dans ma vie de lecteur. J’avais avancé fébrilement dans La Robe comme si Alexis était un auteur russe (labyrinthique) classique. La Robe se pose en classique de la littérature. Je ne vais pas tenter de vous parler de ce livre là que tout le monde a lu (ou lira). Alors quand cette année Alexis fait paraître un ensemble de poèmes avec Corinne Jeanson-Valleggia, mon avidité à lire ou à avaler de la poésie, ne m’autorise pas vraiment à passer à côté de cet ensemble de poèmes, à mi-chemin entre des poèmes écrits en écho (en poursuite, pour en revenir aux animaux sur la couv’) et la correspondance amoureuse. Une lecture addictive. Aussi bête que cela : ce qu’on lit est très beau et les pages se tournent d’elles-mêmes. Faudrait-il détenir une science pour en dire davantage alors que l’on peut simplement les donner à lire, ces poèmes :
(page de gauche)
Mes cheveux mouillés de sueur
Séchent maintenant au vent de la falaise.
De même les vêtements cuits au bain brûlant, attendent
le panier
De même, tout,
Au vent étourdissant de la vie et de la mort,
Les couloirs et les rais de lumière.
Mes cheveux et mon corps sèchent au bord de la falaise,
Je suis vivant, je suis vivant.
(page de droite)
Mes cheveux mouillés en méduse
Sèchent au vent des comètes,
De même les vêtements, étendus aux infinis,
Attendent les matins.
Au vent étourdissant,
Je m’étends entre la vie et la mort,
Les plages, les falaises, les gouffres,
À leurs ondes vibrantes je puise
Mille et une pages vivantes.
Christophe Esnault
Robert Alexis et Corinne Jeanson-Valleggia, Écriture en écho, PhB éditions, 2021, 165 p., 12€
Le dessin de couverture, Combat du petit renard et du lynx, est de Delphine Gigoux-Martin. Son site
Le site des éditions PhB
La Robe chez José Corti